Rêves de la Première Guerre mondiale : récits transitionnels ?

Par Delphine Renard
Français

L’historienne Mireille Bélis a rassemblé une centaine de récits de rêves datant de la Première Guerre mondiale, et en a sollicité la lecture par un psychanalyste. Dans cet ensemble, une série d’une quarantaine de rêves d’un jeune intellectuel attire notre attention par l’impression de « sur place » qui s’en dégage, au contraire de la dynamique relevée par Jung à l’intérieur des séries qu’il étudie. À l’opposé des rêves traumatiques qui présentent toujours à nouveau l’effroi diurne, ceux-ci évoquent des instants de bonheur familial en temps de paix. Ces rêves ne nous sont parvenus que parce qu’ils ont fait l’objet de récits, destinés à être lus, en général, par les destinataires des lettres, donc pris dans une relation transférentielle. Nous formulons l’hypothèse selon laquelle ces récits auraient la même fonction que les objets transitionnels de Winnicott. Ils constituent un entre-deux qui relie le rêveur, submergé par sa détresse, à un représentant de la mère suffisamment bonne des origines, lui permettant de surmonter la puissance désorganisatrice de la déréliction.

MOTS-CLÉS

  • Angoisse
  • Cauchemar
  • Compensation
  • Guerre
  • Objet transitionnel
  • Première Guerre mondiale
  • Récits et séries de rêves
  • Rêve
  • Traumatisme
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