Notre rapport collectif au temps durant la pandémie de Covid-19 : fins, monotonie et numérisation de l’expérience
La pandémie de Covid-19 a eu de nombreuses conséquences psychologiques inquiétantes, notamment une augmentation généralisée des taux de dépression, d’anxiété et de toxicomanie. Chevauchant ces catégories, d’autres effets psychiques incluent une distorsion collective de notre expérience du temps. Les démarcations traditionnelles du temps ont été suspendues ou annulées pendant la pandémie, et par conséquent, les rituels, les cérémonies et les modalités d’observation du passage du temps ont été déréglés. Les fins, les processus de deuil, le caractère éphémère de la vie, s’en sont trouvés affectés. L’auteur examine un exemple clinique de deuil non résolu chez un adolescent, qui s’est réactivé parallèlement aux nombreuses pertes imposées par les restrictions sociales et éducatives dues à la pandémie. Se souvenir est devenu problématique dans une période caractérisée par la monotonie et la numérisation d’aspects de plus en plus nombreux de la vie quotidienne. À l’échelle collective, la « continuité d’existence » – formulation empruntée à Winnicott –, est devenue précaire en raison des effets de la pandémie sur la psyché, parmi lesquels l’apparition d’une relation très troublée au temps comme expérience vécue permettant de définir notre existence.
Mots-clés
- Deuil
- Éphémère
- Jung
- Monotonie
- Numérisation
- Pandémie de Covid-19
- Rapport au temps
- Winnicott