Images alchimiques dans Cent ans de solitude

Une approche de la dimension symbolique-archétypale de l’ethos latino-américain
Par Miguel Angel Mata, Laurence Lacour
Français

L’article explore les perspectives symboliques dans Cent ans de solitude de Gabriel García Márquez, afin de rendre compte des complexités de l’Amérique latine en tant que réalité résistante aux utopies occidentales, ou à l’Occident comme utopie. En ce sens, l’alchimie est prise en compte, non pas comme une des dimensions de l’œuvre, mais comme fil conducteur du roman et comme un exercice d’imagination active de l’auteur, à travers lequel il parvient à transformer sa vie, sa littérature et la manière dont la région est comprise. À partir de l’herméneutique symbolique inaugurée par Jung, nous entrons dans l’articulation entre la réalité psychique-individuelle de Gabriel García Márquez et la réalité de l’histoire de sa famille, de la Colombie et de l’Amérique latine, en élaborant et en transformant à l’instar de l’alchimie, les principaux complexes latino-américains et occidentaux. Ceci permet un niveau de compréhension de nos réalités locales au-delà des données historiques et sociologiques conventionnelles. Dans cette perspective, l’auteur s’éloigne de la vision anticoloniale redevable à l’historicisme marxiste, pour rendre compte du mythe de la rencontre permanente de deux mondes, mais également de l’homme avec la nature, de l’homme avec le féminin refoulé et avec lui-même. C’est le mythe fondateur d’un cosmos, où les uns et les autres se rencontrent, se combattent, s’aiment, se croisent et engendrent des démons. Macondo devient ce lieu de l’imaginaire collectif où se confondent réel et imaginaire, individuel et collectif, temps historique linéaire et temps cyclique ; le lieu où l’Occident rencontre son ombre.

Mots-clés

  • Alchimie
  • Amérique latine
  • Archétype
  • Cent ans de solitude
  • Complexe culturel
  • Gabriel García Márquez
  • Symbole
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